jeudi 26 février 2009

La bonne nouvelle de la semaine: Un statut pour le chaiwallah ?

Dès qu'on raisonne à l'échelle du sous-continent, les chiffres collent le tournis: Pensez à CMU pour 430 millions de travailleurs de l'économie informelle, rien que ça.

[photo flickr - cc]

Certes le décret voté ce mois-ci est surtout cosmétique puisque ne fixant qu'un cadre (un peu comme, au hasard, Grenelle I,...). Mais  ne soyons pas bégueule et reconnaissons qu'il s'agit d'un pas vers la reconnaissance des droits des précaires, soit  à peine 90% de la population. Viendra ensuite la question des moyens - comment, en période de récession, abonder un fonds de protection sociale à hauteur de 2 Rs par jour, soit annuellement 314 milliards de roupies (5 miliards d'€)  contre un budget de 2,2 milliards de roupies * (34 milions d'€) aujourd'hui. Un défi obamesque, quoi. Et ça tombe bien: les élections générales arrivent.


*Et comme je suis sympa, je vous épargne la conversion en lakhs ou crores.


vendredi 20 février 2009

L'homme de la semaine: Richard Holbrooke

Ils nous l'ont joué  "Harry Potter", nos politiques moustachus: A l'occasion du passage de Richard Holbrooke, envoyé spécial d'Obama en Asie du Sud (écoutez son interview sur PBS ici), ils rivalisèrent d'inventivité pour éviter de prononcer le "K-word". Avec succès, puisque Holbrooke n'a officiellement de feuille de route que pour le Pakistan & l'Afghanistan. Faut voir qu'ils avaient transpiré sévère quand Barack a suggéré que pour résoudre l'instabilité régionale à la frontière Afghano-Pakistanaise, il faudrait alléger la mobilisation de l'armée sur son front oriental, soit au Kashmir... Seulement ça, il s'agit d'une question d'affaire intérieure, ne se lasse-t-on pas de rappeller à New Delhi. Le haro de Holbrooke sur les talibans est finalement un consensus bien pratique pour toutes les parties. Mais si jamais Obama demande l'envoi de troupes indiennes en Afghanistan pour soulager les boys?



(c) lecercle - flickr - cc


vendredi 13 février 2009

Deepa Mehta zindabad ! Un autre Bollywood est possible

Puisque les récompenses pleuvent sur le vivifiant Slumdog Millionaire, causons un peu ciné. Depuis Salaâm Bombay de Mira Nair, les films les plus pertinents sur l'Inde nous viennent des auteurs NRI, qui présentent l'avantage, tout en étant des insiders éclairés, de pouvoir s'affranchir des codes bollywoodiens et d'espérer une exposition globale via les circuits des festivals internationaux. Deepa Mehta s'inscrit dans cette veine avec son triptyque Fire/Earth/Water. Cette trilogie des éléments est un voyage, puissant et poétique, dans la vie des femmes de l'Inde, et les tropismes antagonistes qui traversent leur culture.

Fire (1996)



Le premier film de la série, se déroule dans l'Inde contemporaine. Controversé dans certains pans conservateurs de l'Inde de par sa description des genres, du mariage, de la sexualité et plus particulièrement de par l'usage de noms de déesses hindoues (Sita/Nandita Das ; Radha/Shabana Azmi) dépeintes en lesbiennes.

Earth: 1947 (1998)



Earth est une chronique de la Partition, la plaie originelle de l'Indépendance (1 million de morts, 15 millions de déplacés, le plus grand exode du XX° siècle) qui continue à suppurer dans la géopolitique actuelle. Mais le biais choisi est l'histoire du petit peuple, que nous narre Lenny-baby, gamine parsi - minorité caméléon qui par nécessité
de survie, apprît au fil des siècles comment se diluer dans la masse ("like milk in sugar: sweet but invisible").

Water (2005)


Bouclant la trilogie, Water décrit les luttes quotidiennes d'un ashram de veuves a-socialisée dans le tissu social des années 30, en plein mouvement gandhien

Filmée sobrement, photographiée brillamment, un brin conventionnel dans le rythme, la trilogie vaut surtout par la charge émotionnelle et politique de ses sujets. Ils lient les films entre eux par leur universalisme. Ils réussissent à faire poser l'oeil occidental sur des problématique typiquement indiennes, que ce soit la sexualité (Fire), la guerre (Earth) ou la religion (Water). Il y aussi l'arc qui va de Earth à Water, un thème "mehtien" récurrent: la perte de l'innocence, aux doux visages des 2 narratrices enfantines. A chaque fois, prises dans des tournants dramatique de l'histoire ou l'Histoire: Lenny-baby démembrant sa poupée après avoir été témoin d'un écartèlement; Chuyia recroquevillée au fond de la barque après avoir été molestée.
Par ailleurs Deepa Mehta a le talent d'une conteuse, et sait faire exister sans manichéisme des personnages qui se construisent dans le conflit, tour à tour agents et victimes des glissement culturels. Parmi eux, j'ai aimé :
  • Aamir Khan, le ice candy wallah de Earth, une sorte de figaro qui vire au clown triste, voire même carrément Sweeney Todd.
  • Luminescente Nandita Das ! Elle aurait du être le fil rouge de la trilogie puisque le rôle de Kalyani lui eût été dévolu si l'agenda du tournage n'avait été bouleversé par des fâcheux, incarne la vibrante Sita & la pimpante aayah Shanta.
  • Chuyia/Sarala Kariyawasam, ébouriffante gamine & actrice amateure de huit ans.
  • John Abraham, habituellement le bourreau de ces dames, étonnamment sobre en disciple de Ghandi (crédibilité artistique, tout ça).
En conclusion, si je me risquais à une lecture riche de Fire, j'en garderais une allégorie de la société indienne - Biji comme l'influence affaiblie mais omniprésente de la tradition, Sita comme la force impulsive & agressive de la modernité, & Radha, bien sûr, comme l'Inde, tiraillée entre les deux.

PS: Pour les irréductibles fans de musique masala, il y a quelques clins d'oeils bollywood style &, last but not least, les BO composées par le légendaire - et golden globisé A.R. Rahman.

mardi 10 février 2009

Les culottes roses contre-attaquent

Plutôt que de laisser nos amis du Ram Sena occuper l'espace médiatique de la Saint-Valentin à travers moultes irruptions d'indignation outrancières, les femmes (et les hommes qui aiment les femmes) que les pseudo-talibans agacent ont lancé une campagne via FB

Le mot d'ordre: Nous les filles, on boit, on est frivoles, entreprenantes et on vous emmerde.

vendredi 6 février 2009

La France exporte son modèle de développement insoutenable. Ou pas.

Cocorico ! Lauvergeon fait la une!


Applaudissons, autocongratulons-nous, car il s'agit bien d'un "nouveau chapitre dans les relations stratégiques avec la France".
Blablabla, chiffres ronflants: 1650 Megawatts par réacteur, soit à terme dans un scénario optimiste où Areva arrive effectivement à refourguer 6 réacteurs,  0.33% d'une consommation énergétique qui devrait exploser en 10 ans - le temps du chantier - autour des 3000 Gigawatts (40% du surcroît mondial, source cabinet Mc Kinsey).
Blablabla, mais motus sur le retraitement des déchets (une idée pour relancer l'économie dans la baie d'Alang, peut-être?), pour une dépense nominale estimée entre 4 & 6 milliards d'€ contre 3.3 en France, j'imagine que l'expérience finlandaise rend prudent.

Face à ce déferlement d'optimisme, gardons nous de verser dans l'enflammage total et frénétique : Il s'agit d'un simple MoU (Memorandum of Understanding), c'est-à-dire un protocole d'accord signée en dépit du traité de non-prolifération vertu des dérogations accordées par le NSG  , so wait & see. & c'est alors que tu notes la petite astérisque en bas du contrat: "coût final sujet à négociations".

Mouah ah ah. Quel machiavélisme, cette "Atomic" Anne.

mercredi 4 février 2009

Bookshop dernière

J'ai presque écrasé une larme à la lecture des feuilles locales du Hindu d'hier: Mon libraire plie boutique. Une sale histoire de bail.
Cette caverne d'Ali Baba poussiéreuse n'avait l'air de tenir que par ses piles de bouquins, où seul l'affable Mr Shanbagh était bien capable de dénicher le dernier Amitav Ghosh, la Nausée de Camus en version anglaise, voire une méthode "le kannada pour les nuls". Pas de base de données informatisées ou de carte de membre, pas de mec en gilet vert, mais 10% sur toute la boutique toute l'année. Je lui suis redevable de mes découvertes littéraires anglophones en Inde, comme cette  Histoire de l'Inde post-gandhienne passionnante comme un roman (et j'apprends à la faveur de l'article que l'auteur Ram Guha était un fidèle du lieu), d'avoir exploré les classiques comme  Anita Desai (maman de la bookerized Kiran), ou RK Narayan,  sans sacrifier aux best-sellers genre l'inévitable Shantaram, livre-culte de tout bon expat en Inde (attention les amis, adaptation ciné à suivre produite par Johnny Depp, et ce sera plus fort que Slumdog, prenons les paris!).

So Shanbagh zindabad !

The closing chapter


Deepika Arwind


Another bit of old Bangalore goes as Premier shuts shop

— Photo: K. Bhagya Prakash




On its last legs: Shanbagh at his Premier Bookshop on
Church Street in Bangalore.

Bangalore: The city’s losses seem to be growing with every passing
year, whether it is the number and species of its trees, or its
pavements, or its old coffee houses.
In a week’s time, we will lose another beloved landmark of our
city, the Premier bookshop, which more than any other bookshop has
contributed to the city’s reading culture.
The bookstore, squeezed against an old Bangalore pub on the road
connecting Church Street and Mahatma Gandhi Road, is inseparable from
its owner T.S. Shanbhag, who now contemplates the end of its
37-year-old existence.
“In three or four months, the lease of this building will come to an
end, so I’ve decided to close it down,” says Mr. Shanbhag, almost
stoically. He plans to spend his free time with his family and
generally kick back into his retirement soon after the bookstore is
closed.
His 600 sq. ft. haven for bibliophiles, with its
precariously-stacked columns of books and 10 per cent discount on every
pick, will be missed sorely by the city’s old and new readers.
When Premier threatened to shut down in April 2006, all its regulars
– from literary bigwigs to those who hung about the store just to
browse – were upset.
The lease was extended and customers continued to flock the store.
But the lease now draws to an end, and according to Mr. Shanbhag, the
old building will “probably be restructured.”
He feels that his clientele, used to its musty comforts, would not want Premier to be relocated in a glitzy new structure.
His regulars share none of his stoicism, and are unabashedly sentimental as they mourn the closing of a chapter.
Says Ramachandra Guha, historian and Padma Bhushan Award winner: “It
truly is the end of a chapter in the culture and history of Bangalore.
Mr. Shanbhag is a unique bookseller with empathy towards his customers
and with a charm we do not see often.”
This reticent bookshop owner is mentioned in the Lonely Planet and
is a respected figure in the city’s literary circle without being a
writer or critic himself.
Arul Mani from the Department of English, St. Joseph’s College, is a
regular at the shop. “Mr. Shanbhag has probably done more for the
city’s reading than we can fully understand, with his discounts, his
willingness to hold a book for you till you managed the money, and his
quirky but always interesting pick of titles.”
The closing down of Premier is also a marker of the city’s changing
priorities, according to writer C.K. Meena. “We know that land prices
in that area have shot up and real estate is a coveted commodity.”
In the next week, Mr. Shanbhag will witness a frenzy of visitors
trying to make that one memorable trip to the bookstore and buying
books they have always wanted to.
Meanwhile, Mr. Shanbhag is making other plans. “I have many personal
things to take care of. I will visit my daughter in Australia,” he says
in the unflustered manner that his customers know so well.
(c) The Hindu
http://www.wikio.fr
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